En France, aller chez le « psy » est un aveu d’échec. Aux USA, se faire aider par un psychologue, c’est chercher à mieux se comprendre…

American Dream

Je ne savais pas que je devais construire mon « American Dream » tranquillement avec le temps, que je devais modérer mes expectations afin de me donner une chance d’atteindre mes objectifs. Mon expérience me l’a appris.
Je travaille dans le domaine des technologies, non par choix, plutôt par accident. Mon éducation aurait dû me conduire dans les institutions européennes. Cependant, à l’époque où je terminais mon DESS, le boum de la technologie battait son plein et le besoin de personnes ayant des compétences doubles (technologie et business) était fort.
Après une maîtrise de gestion et science, et un court séjour dans le milieu aéronautique, je décidais que mon futur était au delà des frontières françaises; Je poursuivis donc un DESS en Gestion Européenne et Internationale. En outre, cela me permettait de repousser un peu mon départ et de trouver une entreprise
susceptible de m’embaucher. Je partis donc suivre un stage aux US pour 12 mois avec un visa J-1.

Un nouveau processus d’appartenance

Après 5 mois, ils ont décidé de me garder. D’un côté cela m’a flatté énormément : J’étais reconnu comme capable de réaliser une performance professionnelle dans le système américain. Un nouveau processus d’appartenance se mettait en place pour moi.
De l’autre côté, cette nouvelle donnée impliquait de préparer ma famille à envisager mon retour beaucoup plus tard. Cependant, par la suite, mon parcours fut scandé par des périodes de 1 an maximum dans de petites compagnies; En fait de jeunes pousses démarrant très vite mais fermant leur porte aussi vite.
Après avoir analysé la situation et noté les manques latents dans certains domaines, j’ai évalué ma capacité d’effectuer un travail plus important de l’extérieur. Je décidais de créer ma propre compagnie de consultant en technologie. Cela me semblait être l’approche et la suite les plus logiques à mes diverses expériences.

Notre relation ne survit pas à l’éloignement

D’un point de vue psychologique, mon départ de France avait été pensé comme temporaire. Je ne ressentis pas les affres de la rupture avec mes amis ou ma famille. Nous devions nous revoir bientôt !
D’un point de vue sentimental, ma relation affective de l’époque s’étirait déjà entre Paris et Bordeaux. Alors pour 12 mois, nous pouvions prendre notre mal en patience! Elle viendrait passer les vacances d’été avec moi, j’irais chez elle pour Noël. Les liens amoureux se sont défaits. Notre relation ne survit pas à
l’éloignement. Résidant dans une petite ville américaine du Texas, le lieu était peu propice pour construire des relations sentimentales. C’est alors que les liens avec ma famille restée en France se sont considérablement re-serrés.

Sur le plan professionnel, mon expérience se déroula jusque là au sein d’entreprises anglo-saxonnes. Je pensais, ainsi, être préparé au style de management et à la mentalité ou à la philosophie de l’environnement de travail américain.

Embauché le matin, et viré le soir

Mon adaptation fut plus difficile que ce que j’avais prévu. En tant que français, j’étais accoutumé au droit du travail et aux diverses organismes d’aide si je m’étais retrouvé en pleine tempête. Aux Etats Unis, cela n’existe pas. Je devais être, seul, responsable de moi et assurer mes arrières. Le manque absolu de protection en tant que salarié me choquait. Je savais que je pouvais être embauché le matin, et « viré » le soir.
En vivant ce manque de stabilité professionnelle perpétuelle, j’avais des difficultés à garder confiance en moi.

Un isolement social

Il est à noter que la solidarité des expatriés se faisait rare surtout depuis le crash du secteur de la technologie en 2001. Je n’avais pas grand-chose à attendre de ce côté. Chacun avait un challenge personnel à jouer. Je me rendais compte aussi qu’il fallait avoir vécu soi-même l’expatriation pour comprendre les difficultés qui infiltrent la vie au quotidien et use peu à peu le psychisme. De plus, la culture française semble vouloir que nous soyons souvent « rebelles ».
Aux Etats Unis, cela passe mal.
Les américains pensent que nous ne sommes pas raisonnables. Un isolement social peut se créer. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir les français se réunir pour se donner l’impression de mieux maîtriser un environnement extérieur bien étrange.

Pouvoir en parler plutôt que de refouler

Néanmoins, vivant maintenant dans une famille avec une double culture et une double religion je suis confronté, quotidiennement, à des malentendus. En faisant un effort d’adaptation et de tolérance, cela me permet de mieux comprendre l’autre et aussi de casser l’image d’Epinal du français. J’ai appris à tirer le meilleur parti de chaque situation sans vouloir à tout prix la changer. C’est la grande leçon de mon expérience d’expatriation. Pouvoir en parler plutôt que de refouler est aussi important.

En France, aller chez le « psy »

En France, aller chez le « psy » est un aveu d’échec. Aux Etats Unis, se faire aider par un psychologue, c’est chercher à mieux comprendre. Il n’y a pas les mêmes stigmates culturels. Ma belle-famille est dans le domaine de la psychologie. Personnellement, venant d’une famille peut loquace, il m’aura fallu beaucoup de temps pour comprendre pourquoi eux parlaient tant. Pourquoi aussi ils prenaient parfois des heures avant d’agir. En fait, je me suis rendu compte que, par la communication et l’échange d’idée, ils essayent simplement d’analyser une situation et d’avoir plusieurs perspectives. C’est la même chose avec l’expatriation. Il faut avoir le plus d’opinions et de supports possible pour la souffrance, les échecs mais aussi les réussites pour garder la tête sur les épaules. Ils m’ont fait comprendre que l’important était de savoir accepter le challenge et la difficulté.
Une psychologue et ma famille proche m’aidèrent dans ce travail sur moi-même. L’une en m’aidant à être dans le « penser » avant d’agir, et l’autre en me soutenant dans cette aventure palpitante mais parfois ardue.

Pour choisir vous même votre rendez-vous sur l’agenda du psychologue cliquez ICI
Pour prendre un rendez vous par mail, cliquez ICI
Cet article est la propriété de son auteur, qui a autorisé www.cigap.org à l’héberger. A ce titre, il est protégé par le copyright du site www.cigap.org. Toute reproduction, partielle ou totale, de cet article, sans
autorisation écrite de la main de son auteur, sera passible de poursuites judiciaires. Seules sont autorisées les citations brèves du texte, citant la page d’hébergement de l’article sur www.cigap.org. ©2006-2022 CIGAP.ORG

LES ARTICLES CIGAP.ORG

Cigap.org met à votre disposition des articles écrits par des psychologues et autres professionnels reconnus.

DÉONTOLOGIE ET MENTIONS

Consultez les textes officiels d’information sur le site et des codes de déontologie de psychologie

LEXIQUE CIGAP.ORG

Un lexique pratique, de plus de 300 termes et abréviations, destiné à nos usagers.

Nous contacter

Une équipe de psychologues cliniciens thérapeutes autour du monde – 24h/24 – 12 mois sur 12, à votre écoute.