Une situation banale et douloureuse
Il n’est pas facile de faire un témoignage sur une situation aussi banale et pourtant si douloureuse en même temps. En effet, pendant plusieurs mois, j’ai vécu un réel calvaire à mon travail. Cela semble tellement simple, commun même, que j’ai peine à croire combien j’ai souffert.
Je travaillais avec une collègue depuis peu. C’était un nouveau poste pour moi. Je devais donc être particulièrement efficace afin d’apprendre ses spécificités mais aussi prouver que l’on avait eu raison de me choisir pour ce poste. Une nouvelle chambre de tribunal avait été créée. J’avais été recrutée peu avant grâce à mes compétences.
Par contre, cette collègue, avait à l’époque 4 ans d’ancienneté. Selon les dires de ma hiérarchie, cette personne avait demandé à changer de poste car elle ne supportait pas son précédent greffier à qui elle avait mené une vie d’enfer.
Un processus machiavélique
J’ai eu la désagréable surprise de voir qu’elle procédait de la même façon avec moi. Par exemple, elle refusait d’effectuer une part importante de son travail, alors que ces tâches étaient mentionnées dans la fiche de poste. Elle ne faisait que le travail d’exécution arguant qu’elle n’était pas assez payée. De plus, elle ne me tenait aucunement au courant de son travail, alors que j’étais son supérieur hiérarchique.
Ainsi, si je lui posais des questions, elle se sentait blessée et si je lui laissais toute autonomie elle considérait que je ne m’intéressais pas à son travail. En fait elle était très compétente pour les tâches de gestion et je le lui avais déjà signalé.
Ne sachant plus comment m’y prendre avec elle, j’effectuais mon travail sans trop m’occuper d’elle. Les consignes indispensables passant par une fiche navette dans chaque dossier. Je me souviens, par exemple, qu’à la lecture d’un courrier, elle m’avait réclamé un dossier que j’avais en attente. Alors que je lui en demandais la raison, elle me répondit qu’elle avait reçu une « régularisation ». Je lui donnais donc le dossier. Moins d’une heure plus tard elle revient sur ce même dossier pour me faire part d’un détail. Lorsque je donnais ma réponse elle s’emporta en gesticulant et en hurlant : « j’ai tout compris, il faut pas me prendre pour une imbécile ». Je répondis que je ne l’avais jamais prise pour une imbécile et lui ai demandé ce qu’elle avait compris. Elle ne put que répéter plusieurs fois la même phrase, comme un disque rayé…
J’ai donc fait concession
Je restais souvent sans voix devant son comportement incohérent. Dès le début de notre collaboration, elle m’avait avertie ne pouvoir oeuvrer sans avoir de l’air : il lui fallait ouvrir la porte ou la fenêtre. J’ai donc fait concession en acceptant la porte ouverte en permanence. Maintenant elle exige aussi fenêtre ouverte, bougies allumées, désodorisants… Lorsque je rentre dans mon bureau, le matin, j’ai l’impression de pénétrer dans un mauvais salon de coiffure.
Ma destruction
Cette situation me détruisait. Je suis consciente qu’il doit y avoir nombre de service fonctionnant quand même de cette manière. Le fait est que, pour ma part, cette situation me détruisait complètement et d’une façon insidieuse. A cette époque,je n’avais pas encore mis le mot « harcèlement » sur cette souffrance. Le matin pourtant, j’allais au tribunal à reculons. Je ne mangeais plus et je tremblais en pensant à elle. Chaque jour, je me demandais quel prétexte sera choisi aujourd’hui pour mettre à mal ma patience. Je sentais bien qu’elle essayait de me mettre à bout.
Plus le temps passait, j’avais des doutes sur mes propres capacités à diriger le bureau. Pourtant, ce n’est pas la première fois que je me trouvais devant un tel challenge et je n’avais jamais failli. Je lui parlais calmement, lui expliquais en douceur, la ménageant à chaque instant. Rien n’y fit. Ses réflexions, ses manies, sa mauvaise foi doublée d’une mauvaise éducation me minaient lentement. Je ne pouvais m’en ouvrir à personne à l’étage car chacun pouvait être témoin que de son amabilité lorsqu’elle était en leur présence.
Me faire aider avant de perdre mon poste
Je doutais de moi-même. Mais, qu’est ce que je lui avais fait? Alors, afin de ne pas devenir folle, je pris l’habitude de tout noter le soir en rentrant chez moi. Lorsque je commençais à douter de la réalité des faits, je relisais mes notes. Il y a quelques semaines, j’ai craqué devant une amie d’enfance. C’est elle qui a enfin nommé cette situation comme du harcèlement. Elle m’a conseillé de me faire aider rapidement par un psychologue avant que je ne perde mon poste par manque de concentration. C’est ce que j’ai fait.
Capacité d’analyse chloroformée
Depuis je me sens moins seule. Je n’ai plus peur de cette femme qui me harcelait. Son comportement particulier continue toujours. Mais depuis, j’ai compris surtout qu’il est vital pour moi de ne pas confondre les problèmes relationnels de cette personne et mes réactions. D’une part, il y a ses propres problèmes qui lui appartiennent et de l’autre, mes réactions qui relèvent de mon histoire personnelle. Et ça, c’est le plus important à mon sens.
C’est ce message, tout simple en apparence, que je voulais transmettre ici. Car, lorsque l’on se retrouve dans ce processus machiavélique du harcèlement, notre capacité d’analyse est chloroformée par nos émotions, par nos vieilles peurs enfantines. De mon côté, je sais maintenant que je vais sortir de ce mécanisme.
Il me faut juste un peu de temps.
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