Durant une année, on nous façonne, on nous conditionne à entrer dans cette corporation, oú on nous enseigne la confraternité, la dignité et l’honneur.

La franchise sur une profession

Je voulais vous remercier tout d’abord pour le travail que vous faites dans le cadre de ce site qui, j’en suis sûre, apportera beaucoup à ses lecteurs et également pour votre démarche très positive. Je ne m’attendais pas à y trouver des témoignages de personnes ayant des professions qui peuvent paraître si prestigieuses.
En fait, je croyais que, sans être dans une situation unique, j’étais surtout injuste de me plaindre et que je devais « payer » un « droit d’entrée » dans cette « corporation ». A travers mon témoignage, je désirerais privilégier la franchise ; la franchise sur une profession qui est bien loin de ce qu’on imagine, ou du moins, ce que j’imaginais. Je me suis longuement interrogée sur la possibilité de témoigner même anonymement, mais je pense aujourd’hui que certaines choses doivent être dites ouvertement, sans toutefois crier au scandale et dramatiser toutes les situations vécues.
Ils ne faut pas oublier qu’en embrassant cette profession, ils doivent garder la conviction qu’ils entrent dans un métier noble et honnête. Et c’est parfois difficile de continuer à le croire dans certains cabinets. Les jeunes avocats, comme moi, doivent être prêts à se boucher les oreilles et à tourner sa langue 7 fois avant de parler….. un comble pour nous ! Je l’ai appris à mes dépens.

Pour être franche, je me suis tournée vers la profession d’avocat sans véritable vocation, mais parce qu’elle m’apparaissait comme s’approchant le plus, au terme de mes études juridiques, de ce que je recherchais, mettre mes compétences au service de personnes en demande de conseils.

Mes parents ne sont pas avocats

Je ne suis pas née dans une famille de juristes. Là est déjà la difficulté. J’ai intégré l’école de formation d’avocat et, dans ce cadre, j’ai dû effectuer des stages en cabinet, au sein de différents barreaux. Je ne suis pas ici pour noircir le tableau, mais j’y ai vécu plus d’une fois le dénigrement, les petites phrases perfides… des avocats qui ne vous saluent ni ne vous regardent, vous montrant ainsi que vous ne faites pas partie du même monde qu’eux.
J’y ai appris l’absence de toute relation en travaillant dans des cabinets oú on ne me donne des directives que par cassette enregistrée au dictaphone. Le lendemain je les retrouve sur mon bureau, alors même que l’avocat chargé de mon stage se trouve dans le bureau d’à côté.

Il faut épouser un avocat

On nous a dit qu’il fallait épouser un avocat, car c’est une profession nécessitant de l’investissement et qu’intellectuellement, il est bon de se retrouver pour pouvoir parler de nos dossiers en famille. Durant une année, on nous façonne, on nous conditionne à entrer dans cette corporation, oú on nous enseigne la confraternité, la dignité et l’honneur.

La réalité est toute autre

Pourtant, la réalité est toute autre. Tout change avec la recherche d’une collaboration en tant qu’avocat, titulaire du Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat. J’ai moi même travaillé en sortant de mon année de formation dans un cabinet qui m’avait promis une collaboration.

J’ai tout d’abord travaillé sans être déclarée, en attendant que les associés organisent mon entrée dans la structure. Travailler sans être déclarée signifie qu’on ne peut pas recevoir de clients personnels et qu’on ne peut pas plaider; on ne travaille que pour le cabinet, dans l’ombre des avocats en exercice. J’y ai travaillé durant 4 mois, sans contrat et sans rémunération. L’équipe m’avait promis une collaboration à temps plein pour le mois suivant, et encore le mois suivant…
Puis une collaboration à mi-temps, dont le projet est resté lettre morte. J’ai fini par partir, comprenant qu’il n’y aurait pas de place pour moi officiellement dans ce cabinet. Je m’étais réellement investie et avais tout accepté, des dossiers en retard de clients mécontents au ménage du cabinet.
J’ai ensuite rencontré différents avocats qui m’ont proposé de faire des temps pleins, qui demandaient de l’investissement, l’équipe travaillant jusqu’à 1 ou 2 heures du matin et les week-ends. La proposition était rapidement accompagnée d’une question : était-il possible de ne pas me déclarer ou bien de me payer que sur la base d’un mi-temps. Un de ces cabinets était spécialisé en droit du travail….

Aucune considération, je suis transparente

Dans un autre, il m’a été indiqué qu’ils avaient trouvé une collaboratrice qui travaillait sans contrat et sans rémunération. J’ai rencontré l’avocat qui m’a expliqué que si sa collaboratrice faisait une erreur, il était libre de s’en débarrasser sans préavis et que dans cette hypothèse, il me re-contacterait pour la remplacer.
Tous les avocats qui m’ont reçue en entretien ont paru très intéressés, mais ne m’ont pas re-contactée. L’un d’eux a changé de trottoir le jour oú il m’a croisée devant le palais de justice… En résumé, j’ai été secrétaire, femme de ménage, parfois cuisinière dans la petite cuisine du cabinet, bénévole, bagagiste de mon patron…..Sans vouloir dévaloriser ces positions, je me demande aujourd’hui comment j’ai pu les accepter !

Je suis enfin indépendante ; qualité si chère dans cette profession faite de faux semblants. J’ai eu besoin d’encouragements, qu’on me redonne confiance en moi, de regarder en face mes capacités car je n’en étais plus capable… J’ai eu besoin de réfléchir sur moi. Tout cela se sera fait souvent dans les larmes…mais cela a été fait. C’est grâce à une aide précieuse qui n’est pas venu d’un de mes pairs mais d’un des vôtres, que j’ai pu me reconstruire et enfin être fière de ce que je suis devenue, moi qui me disais souvent que je n’aurais pas dû faire ce choix de profession.
J’ai envie d’enfin comprendre pourquoi on appelle le contrat de travail d’un jeune avocat une collaboration et non pas une humiliation.

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