Dans le registre courant, c’est l’état émotionnel provoqué par la perte d’un être cher, lors de son décès.
C’est une des situations qui peut déclencher une douleur morale dûe à un vécu de solitude, une détresse et une sensation de « vide » entraînant une réaction dépressive réelle chez celui qui reste.
On souffre sur nous même, sur notre solitude, sur notre vécu d’abandon de celui qui est décédé.
Le travail de deuil est en fait, un cheminement personnel et psychologique qui peut être long et douloureux.
La personne va alors passer par diverses phases émotionnelles qui vont de l’incompréhension la détresse, en passant par la colère.
Le vécu du quotidien est agressé par l’absence de celui qui était là, « avant » c’est à dire en fait par le changement de situation intimement perçu.
Les références émotionnelles sont perdues.
Un travail psychique doit être, obligatoirement, fait pour recouvrer une vie saine et normale.
Parfois, l’amorce d’apaisement de la douleur psychologique induit par le travail de deuil est inconsciemment refusé (ou nié) par « celui qui reste ». Dans ce cas là , le mieux être ressenti est considéré comme un trahison d’amour envers celui qui est parti.
S’il y a eu un soutien psychologique entrepris avec un psychologue et qui commence à soulager, il risquera d’être alors, stoppé net par le patient.
Dans ce cas , il y a confusion par « celui qui reste » entre « souffrance psychique à endurer absolument » et « preuve d’amour » envers l’être absent.
La douleur psychique qui perdure longtemps après le décès, devient alors, pour « celui qui reste », la « preuve figée » à garder à tout prix pour lui même, et à montrer à la société. L’apaisement retrouvé serait vécu comme une trahison envers l’absent.
Chez les personnes déjà très fragiles psychologiquement avant la disparition de l’être aimé, une forte culpabilité nourrit une « résistance » (terme psychanalytique : voir lexique) au mieux être.
Cette culpabilité est souvent entretenue par un culte de l’être absent soit au niveau environnemental (photo avec des bougies, autel familial fleuri chaque jour, vêtements du défunt laissé sur le fauteuil ou ses chaussons près de la porte…) soit en souvenirs inlassablement ressassés.
Celui qui reste ne se permet pas de vie personnelle indépendante du souvenir du défunt. C’est l’une des manières de nier la disparition.
Un patient ayant vécu cette phase de refus de soins parlait de souffrance devenue sa « carte de visite ».
Il est souvent convenu par les psychologues cliniciens, qu’un travail de deuil normal ne doit pas dépasser 6 mois environ. Dans le cas contraire, on parle de « deuil pathologique » qui requière souvent l’aide d’un professionnel.
Il y a d’autres situations qui peuvent provoquer ce même vécu de « perte » et qui nécessitent un travail intra-psychique, dit « travail de deuil », pour être surmonté et ne pas laisser de séquelles.
Par exemple la rupture d’une relation amoureuse passionnelle, la perte d’un travail incluant un statut social très valorisé, la perte d’une illusion « aidante », d’une croyance « salvatrice »…
Dans le cadre de sa théorie, S. Freud parle de travail de deuil lors de son étude comparée entre le deuil et le processus mélancolique. Le sujet doit accomplir un travail du deuil, devant la reconnaissance de la disparition de l’objet externe.
Notons, que le personnel médical, en situation de burn out (voir lexique cigap.org) peut aussi vivre ce type d’émotions en « perdant » un malade.
Le médecin hospitalier ou libéral, l’infirmière, le chirurgien voire la secrétaire du service médical, vivra un « mal être » similaire mais d’intensité différente selon le cadre dans lequel le décès surgit : une opération chirurgicale, un séjour hospitalier long ou bien court, la mort d’une personne âgée ou au contraire d’un bébé, un service de soins intensifs ou de soins palliatifs…