Selon L. Crocq psychiatre militaire, c’est un ensemble pathognomonique de sentiments, de pensées, d’attitudes et de comportements paradoxaux décrits chez certains otages et qui leurs fait :
1 ressentir de la sympathie pour leurs ravisseurs,
2 ressentir de l’hostilité contre les forces de l’ordre,
3 assimiler leur situation à celle des ravisseurs,
4 redouter et critiquer les forces de l’ordre,
5 prendre parti pour les ravisseurs, les aider et les défendre,
Le syndrome qui naît dans certaines conditions concernant la détention de l’otage (absence de sévices et promiscuité en milieu isolé avec les ravisseurs) et concernant sa personnalité (suggestibilité et faible adhésion au socius) (socius : compagnon, prochain, ici compagnonnage, groupe), se déroule suivant les quatre phases de capture, de séquestration, de libération et de séquelle. Il est sous-tendu par un double mécanisme de régression infantile traumatique et de transfert pathologique. Il est plus ou moins intense et plus ou moins durable selon les circonstances et les personnalités.
Cependant, D. Serrano Fitamant, psychologue intervenant dans le cadre des Nations Unies, a pu mettre en évidence un syndrome de Stockholm chez un otage qui avait aussi été torturé puis séquestré pendant plusieurs semaines dans des conditions inhumaines. Salarié local d’une organisation de l’ONU, cet ex-otage a pu être pris en charge pendant plusieurs mois par ce même professionnel. Ce n’est qu’après plus d’un an de traitement qu’il a été capable de communiquer à nouveau avec sa femme et ses enfants.
D’autre part, nous ajouterons qu’il est important de protéger les ex-otages dés qu’ils ne sont plus en présence des ravisseurs, afin de leur éviter que leurs comportements ou leurs déclarations devant les journalistes ne provoquent une médiatisation qu’ils regrettent amèrement, une fois avoir été pris en charge et soignés.
Dans le cas ci-dessus, le tortionnaire étant une personne de pouvoir dans le pays, le salarié local de l’ONU a été déplacé dans le territoire et immédiatement pris en charge par le psychologue-psychothérapeute. Son identité et localisation ont été protégées par sa hiérarchie. Les jours et horaires de consultations étaient connus que du professionnel et de son patient et les déplacements de ce dernier étaient faits dans la plus grande discrétion. Même lorsqu’il a pu être sorti du pays avec sa famille, il n’a pas fait de communication médiatique.
Retour sur l’affaire de la prise d’otages de Stockholm selon les informations du général L. Crocq.
Le 23 août 1973, la banque du crédit Suédois à Stockholm fut le théâtre d’une prise d’otages (3 femmes et 1 homme).
Pendant 5 jours et 5 nuits, les 2 malfaiteurs gardèrent la police à distance mais restèrent en communication avec les autorités.
Au bout de 3 jours seulement, ils acceptèrent que fut livrée de la nourriture aux otages avec qui ils parlaient et discutaient de leur situation. Ils acceptèrent que les otages parlent aux journalistes par téléphone.
C’est à ce moment là que le comportement des otages commença à paraître étrange pour les témoins. Non seulement ils ne manifestaient aucune colère ou peur envers les malfaiteurs, mais ils les considéraient comme leurs protecteurs par rapport aux tireurs d’élite postés autour de la banque, disant toute la confiance qu’ils avaient en eux et demandant à la police qu’on les comprennent et qu’on les laisse sortir tranquillement.
Lorsque la police donna l’assaut plusieurs jours plus tard, les otages protégèrent volontairement les gangsters de leur corps.
L’affaire n’en resta pas là puisque les ex-otages refusèrent de témoigner au tribunal, allèrent leur rendre visite en prison et l’une des femmes se maria avec l’un des bandits.