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Le village
Du clan à la famille sous le model chinois

Le village, et de manière plus importante la commune, est une entité autonome du point de vue de l’administration interne et de son organisation clanique. Toute fois, ce dernier est assujetti aux taxes et impôts perçus par la nation. Dans le langage courant, bien avant le contact avec la civilisation chinoise, la notion de « là ng nuoc » désigne aussi bien le pays que sa communauté d’origine. Les notions de pays et commune sont imbriquées.

L’assimilation de la civilisation chinoise va modifier l’acceptation du terme de pays, à savoir celle de « nhà nuoc ». Or, dans ce nouveau terme une distinction importante apparaît, le terme de nhà désigne aussi bien la maison que la famille. Cette distinction est capitale pour comprendre l’implication de la civilisation chinoise dans la culture vietnamienne, notion qui privilégie la famille au détriment du clan. Et par là même, l’immersion du confucianisme qui prône les valeurs familiaux, le culte des ancêtres et la piété filiale. Vertus qui se transposent dans la vie sociale et politique.

Les valeurs promues

Les deux valeurs promues par la nation sont la défense du territoire face aux invasions et la protection face aux éléments climatiques.

La première obligation du village est la protection face aux éléments climatiques. Elle entraîne l’union des membres clanique pour juguler le milieu naturel. Quant à la nation, elle s’applique à la protection du pays par les grands travaux d’endiguements. Nous retrouvons cette épopée dans le mythe de Son Tinh et Thuy Tinh, combat entre le génie des Monts et le génie des Eaux qui se solde par la victoire du génie des Monts par l’édification de digues, lecture métaphorique du comblement du delta.

La seconde obligation du village réside dans la défense face à l’intrusion de brigands, de malfaiteurs….A une échelle plus importante, la nation protége le pays des invasions étrangères. De multiples légendes content ces exploits, plus particulièrement la légende de Thanh Giong (l’enfant sauveur de la Patrie). Cette légende relate la victoire du roi Hung Vuong (6ème) contre les envahisseurs An, grâce à l’intervention de Thanh Giong. Que cela soit pour faire face au milieu naturel (inondations) et/ou au milieu social (défense du pays) la nation convoque l’union et la cohésion des vietnamiens. Eléments externes qui motivent l’esprit communautaire des villages du Nord. Le caractère communautaire prime face aux dangers intrusifs et/ou climatiques.

Et enfin, en ce qui concerne le caractère autonome des villages, son extension dans la nation réside dans son droit à l’autonomie, de manière plus politique son droit à l’indépendance. Ainsi, nous voyons que la transposition de l’organisation du village sur la nation convoque deux notions importantes : celle de l’union nationale et celle de l’indépendance nationale.

Organisation et gestion sociale

Mais pour que ces notions puissent être prévalentes dans la nation, l’organisation et la gestion sociale doivent être opérantes.

A la tête du pays : le roi. Ce dernier est le fils du ciel (le soleil). Il est le mandataire du ciel sur la terre. Il est père du peuple et fils du ciel. Les devoirs du fils du ciel sont d’honorer ses ancêtres par une grande cérémonie, celle du Nam Giao. Comme père du peuple, ce dernier a le pouvoir absolu sur les individus.

Si dans le village, le culte du génie tutélaire est une obligation pour demander protection et bienfaits. Le roi se doit d’honorer, à un niveau supérieur, le Ciel et la Terre. Le génie tutélaire, dans les villages, revêt la fonction de Loi, le Ciel et la Terre quant à eux sont la matrice de la Vie. Ils sont les garants de toutes vies sur Terre. Le roi demande donc protection et bienfait aux instances célestes. Tout manquement au rite du Nam giao entraîne la perte du mandat céleste et signe surtout son manquement au princeps fondateur, celui de la piété filiale. Les conséquences de ce manquement rituel apportent le discrédit sur le roi et par conséquence sur son peuple.

Le roi et son peuple sont liés par les préceptes religieux issus du confucianisme mettant en exergue les trois liens fondamentaux : souverain/sujet, parents/enfants et mari/épouse;

En outre, la vertu qui transcende l’ensemble est celle de la piété filiale. Le confucianisme, dans l’organisation sociale et politique, édicte les règles qui sous tendent le maintien de la hiérarchie et de l’ordre social.

Stratifications des classes sous le model chinois

La stratification des pouvoirs est fonction de l’évolution historique et religieuse de la nation.

Cette dernière suit une hiérarchie verticale sous le model chinois. Le pouvoir central s’incarne en la personne du roi et de ses représentants (Monarchie absolue centralisée), puis vient les citoyens. Eux ne sont distingués qu’en fonction de leurs tâches ou de leurs mérites. Mais pour pouvoir gouverner ses citoyens, le roi est secondé par un corps de fonctionnaires qui sont les mandarins. Nous trouvons deux types de mandarinat : mandarinat civil et mandarinat militaire. Ces mandarinats militaires étaient autrefois recrutés par voie héréditaire puis par voie de concours.

La modification du recrutement permet aux simples citoyens d’accéder à des fonctions importantes grâce aux mérites et à la maîtrise livresque. Modification qui suit les préceptes du confucianisme : perfectionnement de l’homme par l’éducation et par la connaissance des rites. Nous retrouvons ainsi la même structure hiérarchique dans les villages de droit humain où le pouvoir est centralisé autour du chef de clan et des mandarins. A la seule différence, que ces derniers sont natifs du village.

De même, la stratification par degré social se retrouve au sein de la société. Par ordre hiérarchique nous trouvons les Lettrés (Si), les Paysans (Nong), les Artisans (Cong) et enfin les Commerçants (Thuong). Mais cette stratification n’est pas rigide comme le souligne un dicton : « le lettré est le premier mais vienne le riz à manquer le paysan sera premier ».

L’artisan et le commerçant sont les individus les moins appréciés voire méprisés par les citoyens « L’agriculture c’est la chose fondamentale, le commerce c’est la chose vile ». Nous voyons ainsi apparaître, à une échelle plus importante, les préceptes de l’organisation villageoise transposés à la nation. Le village n’est qu’une extension microscopique de la nation. La différence entre le village et la nation réside sur l’échelle d’action.

PAR VICTOR HOANG, PSYCHOLOGUE CLINICIEN,
DOCTORANT EN PSYCHO-PATHOLOGIE CLINIQUE, FRANCE -VIETNAM
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